En Bretagne, dans le village d’Esse, vous pouvez trouver la Roche aux Fées.
Ce dolmen a une histoire particulière, que voici.
A une époque dont la précision a été perdue dans les brumes du temps, deux maisons en bordure d’Esse se réveillèrent par un matin d’été le souffle embué et les volets grinçants de givre. Intrigués, les habitants se rassemblèrent autour du phénomène. Au bout de quelques heures d’étude et de préchi-préchas, force fut de constater l’inefficacité du soleil à contrecarrer ce givre intempéré. De plus, il semblait grignoter peu à peu du terrain et atteindre les maisons alentours.
Pendant que les anciens cherchaient dans leurs mémoires la survenance passée d’un phénomène proche, que les adultes tentaient vainement de briser ce givre menaçant de se transformer en véritable glace des familles, les enfants partirent, avec l’esprit aventureux de la jeunesse, en quête de réponse à la source du problème.
Ils eurent tôt fait de revenir, les joues rougies par le froid, revêtir de lourds vêtements avant de repartir s’égayer en groupes disparates. Lorsqu’ils se réunirent à nouveau, ils parvinrent à 2 conclusions qu’ô miracle ils parvinrent à faire entendre à leurs parents: le froid s’étendait par vagues concentriques (on se doute qu’ils n’utilisèrent pas ces termes exacts) et en son centre se trouvait le dolmen.
Le dolmen. Un tas de pierre sans nom que les habitants d’Esse, à force, ne voyaient même plus. Que faire?
Un voyageur tout de noir vêtu, à qui on avait accordé l’ hospitalité quelques jours avant, s’approcha alors et intervint. Un peu sorcier, juste ce qu’il fallait pour être honorable, il leur dit pouvoir trouver solution à leur problème, mais il lui fallait pour cela au moins deux fées.
On se dispersa dans la forêt en chercher. Après moult effort, ce furent trois fées qui furent déposées à ses pieds (la quatrième s’était échappée). Pendant ce temps, l’homme avait tressé des liens de marguerite qu’il attacha tout doucement aux chevilles des fées. Puis, il adapta des vêtements d’hiver de nourrisson à leurs frêles silhouettes, s’habilla lui-même de lourdes fourrures et partit vers le dolmen suivi d’une masse de villageois.
Une fois arrivés et restant tout de même à distance, ils le virent s’affairer autour du dolmen puis poser dessus une, deux, trois fées.
A chaque fois, il semblait lier la tresse de marguerites à la pierre. A chaque fois, celle-ci luisait doucement avant de disparaître.
A chaque fois, la fée partait en tourbillonnant le long du granit, enlevant couche après couche de vêtements à chaque giration.
A la deuxième, les plus aventureux enlevèrent leurs cache-nez.
A la troisième, le changement de température était palpable. En quelques heures, tout était revenu à la normale.
Interrogé, le voyageur répondit:
“Votre pierre devenait trop froide,
Alors je l’ai faite Roche-aux-fées.”
Tags: Contes de fée, jeu de mot